Hilarriak, atalburuak: Isabelle Thévenon, Jean Etcheverry-Ainchart, Lucien Etxezaharreta/Isabel Thevenon
Argazkiak: Azkonbegiko hilarri guztiak ikusteko
Argazkiak: Landibarreko San Martin parropiaren
hilarri guztiak ikusteko
Argazkiak: Behauneko hilarri guztiak ikusteko
Tailleurs
de pierre de Lantabat
de
la stèle au linteau, du cercle au rectangle
Isabelle
Thénenon
Extrait
de Hil harriak, Actes du colloque international sur la stèle
discoïdale,
Musée
Basque de Bayonne, 8-10 juillet 1982. Amis du Musée Basque, 1984.
Pages 191 à 195.
Introduction
A.
— Evolution du lapidaire
On
remarque une évolution dans la travail du lapidaire à Lantabat qui
va dans le sens stèle, croix, dalle, linteau, plaques de fourneau
(haustegi) et de cheminée: le funéraire puis le domestique, avec
des périodes de cohabitation. Vu te temps qui m’est imparti, je me
contenterai de traiter le lapidaire funéraire: les relations
stèles/croix, ou plutôt les cassures qui vont de l’une à
l’autre, de l’autre à l’une.
B.
— Le geste du sculpteur
Ce
qui est primordial lorsqu’on étudie une production artistique et
ce qui ma passionne, c’est essayer de serrer de près le geste du
sculpteur au travail, c’est-à-dire sa pensée. Les sculpteurs
basques ont simultanément pensé la stèle, pensé la croix, pensé
la dalle, le linteau, puis les plaques de fourneau et de cheminée.
L’évolution
stèle/croix doit être considérée comme une cassure, le talent des
sculpteurs vient de leur faculté d’adaptation à l’imposition de
la croix comme forme et comme symbole.
I
— Dans le cercle, sur la croix
La
question est donc: comment le sculpteur qui créait dans un cercle
a-t-il pu créer sur la croix? Symbole du monde chrétien, la
croix s’est imposée formellement en substituant à la pensée
circulaire, un, parmi les multiples principes de la stèle: le
principe orthogonal. Du cercle à la croix, c’est donc la structure
qui change: je pensais rond, je dois penser axes. Je parlais basque;
je dois parler français, même si je ne pense pas en français.
A
quoi peut-on s’accrocher? Qu’est-ce qui peut témoigner d’un
art, de la pratique du sculpteur lorsque sa main qui travaille doit
penser angle droit et supprimer de son langage l’essentiel de son
expression?
II
— Vocabulaire de la stèle
Seul
le vocabulaire reste intact. Eléments fusiformes, motifs rayonnants,
instruments, animaux, etc. La croix va donc emprunter à la stèle
son vocabulaire, l’intégrer de différentes façons, par exemple
en agglutinant des motifs circulaires et rayonnants sur l’envergure.
Le
sculpteur conçoit à la fin du XVIIIe siècle dans
l’esprit de la stèle, tout en transcrivant; certaines croix sont
des stèles sans quartiers, on y retrouve presque la structure de la
stèle. C’est le moment de cohabitation et d’influence mutuelle
stèle/croix, croix/stèle, de cohabitation effective dans l’esprit
du sculpteur qui crée simultanément stèle et croix selon les
commandes, cohabitation aussi dans les cimetières.
III
— Un exemple de stèle réalisée dans l’esprit de la croix
Exemple
d’une stèle réalisée dans l’esprit de la croix, la stèle de
Catharine Demate à Ascombéguy, est unique en son genre et située à
l’inverse de ce que je viens d’expliquer. On peut la qualifier de
néo-basque car elle est la seule stèle, datée du XVIIIe
siècle à Lantabat, mise à part une stèle qui date de 1801. Cette
pierre est émouvante, dernière trace des commandes de stèles à
Lantabat, elle nous montre la volonté du sculpteur de créer dans un
cercle, alors que la stèle est définitivement détrônée par la
croix.
Face
B
On
reconnaît les bras de la croix illustrés par des motifs alignés,
le sommet de la stèle orné d’un IHS dessiné dan l’esprit «haut
de croix», et les ciseaux placés «à cheval», c’est-à dire à
six heures.
Six
heures, c’est l’espace de transition disque/pied, c’est surtout
une zone très importante qui a souvent été très travaillée et
avec beaucoup de force et d’imagination dans tout le Pays Basque.
Ici les ciseaux sont tout simplement «à cheval» pas tout à fait
sur le pied et pas tout à fait sur le disque. Ils séparent plus
qu’ils ne relient, voire même ils dérangent.
Le
haut, le milieu, le bas: ainsi a été conçue cette face de la stèle
selon un rythme ternaire; trois parties distinctes, trois motifs
rayonnants alignés, trois lettres (IHS).
Un
des trois motifs, celui du milieu (à pales tournant dans le sans ses
aiguilles dune montre), placé légèrement en dessous de l’axe
horizontal, fait se décaler le centre, le cœur de la stèle, espace
de rayonnement; il souffre d’être abaissé: la composition même
de la stèle est déséquilibrée, elle pèse et tombe.
Face
A
Les
principes inhérents de la stèle ne sont pas respectés.
— La
bordure est trop large, le texte contenu : Catharine Demate
débute à 8 h 40, habituellement, il commence à 7 h 35. Si on
retire cette épaisse bordure, on cherche une organisation selon les
axes horizontaux et verticaux, les bissectrices et les quartiers
qu’ils distribuent. Elle n’existe pas; on trouve un motif
fusiforme et central orienté légèrement à droite par rapport à
V.
— La
date inscrite sur le pied marque 1739, le neuf est large et couché.
Conclusion
A
Lantabat, sur 175 monuments répertoriés, 44 sont datés du XVIIe
siècle: 18 stèles, 8 dalles, 1 croix. Au XVIIIe siècle,
nous avons 2 stèles, 7 dalles, 12 croix. Les chiffres parlent
d’eux-mêmes. Une stèle, une croix, sont des objets sculptés
autour desquels on tourne, On ne peut jamais voir les deux faces
d’une stèle au même moment, on regarde successivement la face A,
puis la face B. C’est ainsi qu’on les nomme pour les répertorier.
Pour comprendre ce qu’est une stèle, il faut donc en voir au moins
deux côte à côte.
Lorsqu’on
dessine une stèle pour l’étudier, on réalise cet impossible:
voir côte à côte le devant et le derrière, —s’il existe un
devant et un derrière de stèle!—, c’est réunir l’est et
l’ouest, le lever et le coucher du soleil, enfin décrire un
cercle, celui de l’imaginaire du sculpteur qui a rêvé ensemble
les deux côtés de l’œuvre.
On
peut maintenant survoler la dalle, le linteau, la pierre de cuisine
ou de cheminée. Ils appartiennent à un autre univers formel :
le rectangle.
La
dalle posée à terre horizontalise la mort, il existe de très
belles dalles à Lantabat, leur étude diffère vraiment des stèles
et des croix, ce ne sont pas des documents dressés.
Le
linteau, art domestique, est en relation directe avec l’art
funéraire, sa forme le rapproche bien entendu de la dalle, ce sont
des «pages d’écriture» ornées, composées dans le format
rectangulaire, en longueur pour le linteau, en hauteur pour la dalle.
Ils utilisent les motifs des stèles et des croix, en particulier
l’alignement. Leur fonction diffère: le linteau appartient à la
porte puis à la façade de la maison, techniquement, il est la
pierre qui permet au vide d’exister et à la lumière de passer: il
est «utilitaire».
La
pierre de cuisine ou haustegi située à l’intérieur de la
maison sous la fenêtre de la cuisine est un objet qui «fonctionne».
On y place les cendres chaudes de la cheminée par le trou prévu à
cet effet. Au dessus, on prépare le repas. A Lantabat, toutes les
pierres de cuisine sont conçues symétriquement par rapport à la
verticale et les motifs peu variés n’ont rien à voir avec ceux de
la stèle: palmes, feuilles de laurier, ciboires, etc., elles datent
de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Pour
conclure: il semble que les sculpteurs de Lantabat aient mis leur
imaginaire et ce, à partir du XVIIIe siècle au service
de l’art domestique et que, de fait, l’art funéraire soit tombé
en désuétude. Ceci est l’objet de ma thèse.
Brèves
observations
sur
un maître ayant travaillé
en
Basse-Navarre
au
milieu du XVIIe siècle
Jean
Etcheverry-Ainchart
Association
Lauburu
Extrait
de Hil harriak, Actes du colloque international sur la stèle
discoïdale,
Musée
Basque de Bayonne, 8-10 juillet 1982. Amis du Musée Basque, 1984.
Pages 191 à 195.
A
l’occasion de la réalisation de l’inventaire complet des stèles
du Musée Basque de Bayonne, en 1978, notre attention avait été
attirée par la particulière élégance d’une stèle de Méharin
déposée au musée, stèle que Louis Colas avait d’ailleurs
répertoriée dans son livre, sous les numéros 518 et 519 (fig. 1).
L’observation d’autres inventaires de l’association Lauburu et
notamment celui d’Ascombeguy, «quartier» de la commune de
Lantabat, devait nous permettre de reconnaître la même main dans
d’assez nombreuses pièces parvenues jusqu’à nous (fig. 2; fig.
3; fig 4; fig. 6). On a pu retrouver en outre, à
Saint-Etienne-de-Lantabat, deux pièces très intéressantes: une
pierre tombale (fig. 7) et surtout une pierre de bénitier, unique à
notre connaissance (fig. 8), toutes deux paraissant réalisées par
le même maître.
Puis,
en 1979 ou 1980, l’association Lauburu a exploité un certain
nombre de clichés photographiques reçus dans le cadre d’échanges
de documents entre l’association et l’université de Reno au
Nevada (USA). Il s’agissait de clichés de toutes les pierres
funéraires ou linteaux figurant dans le fonds Philippe Veyrin et
Rodney Gallop acquis par cette université. Un bon cliché permit de
dévoiler une pierre, disparue aujourd’hui, photographiée par
Veyrin en 1950 à Suhescun (fig. 9). Cette pierre dont on ne connaît
qu’une face, nous décida à étudier de plus près ce tailleur de
pierre si attachant. La lecture attentive de Colas nous permit
d’ajouter à cette liste un pied de croix (fig. 10). Nous hésitons
à attribuer à ce maître la pierre numérotée fig. 11, provenant
selon Louis Colas de Saint-Martin-de-Lantabat, disparue depuis. En
fait, cette pierre a été retrouvée à Arcangues en 1981 et il nous
a paru évident qu’il fallait la rapprocher, sinon l’attribuer au
même maître. Enfin, un pied de stèle a été retrouvé à Méharin
en 1981, et un nouveau disque à Saint-Martin-de-Lantabat, qu’il y
a lieu d’attribuer sans doute au même artiste (fig. 12 et 13).
Quelles
sont les indications que l’on peut tirer de l’observation de ces
pièces? Comment travaillait un maître bas-navarrais bien déterminé,
au milieu du XVIIe siècle?
A.
— Le maître travaille dans une zone comprise entre les villes de
Hasparren, de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Saint-Palais. L’essentiel
de sa production est concentré dans la vallée de Lantabat,
relativement isolée de l’extérieur par quelques hautes collines.
La passage vers l’extérieur se fait par le côté ouvert de la
vallée, vers Saint-Palais, ou par les deux cols d’Ipharlatze et
des Palombières. Les quatre «quartiers» d’Ascombeguy, Behaune,
Saint-Martin et Saint-Etienne formant actuellement la commune de
Lantabat, renferment à eux seuls dix pierres, si l’on comprend
celle exportée à Arcangues (fig. 2-3-4/5-6-7-8-9-10-11 et 13). La
pierre photographiée par Philippe Veyrin à Suhescun (fig.9)
provient donc d’un village extérieur proche de la vallée et dans
sa sphère d’influence immédiate, Suhescun étant le premier
village à la sortie ouest de la vallée, en passant par le col des
Palombières.
A
l’inverse, les pierres 1 et 12, la première conservée au Musée
Basque et la seconde par Lauburu, proviennent toutes deux de Méharin,
village situé cette fois à la sortie est de la vallée. Le fait
qu’il y ait au moins trois pierre réalisées pour ces villages
peut être considéré comme le signe que ce maître a connu une
notoriété certaine au-delà de son «pays», la vallée de
Lantabat.
B.
— Le maître travaille avec un certain nombre de caractéristiques
bien précises qui le singularisent nettement des autres courants
artistiques: il a une forte personnalité. Quelles sont ces
caractéristiques?
1.
— Dans la face A
Une
écriture très élégante,
identique d’une pierre à l’autre, avec une manière très
personnelle de lier les lettres entre elles, de faire les pattes des
lettres (les V, les D, les 6), en même temps qu’une mise en place
toujours identique des cartouches de lettres sur le socle; la
ponctuation est souvent soignée. Un texte souvent bi- ou trilingue,
avec un usage généralisé du latin, ce qui semble tout à fait
original, du moins dans l’état actuel de nos observations. La
phrase est construite de la manière suivante: la forme «hic jacet»
ou «obiit» ou «deficit», suivie ou précédée du nom du défunt
en français et de la date en basque (fig. 1-2-4-7-9-10 et
probablement 3 et 12). Cette mise en place du texte et cet usage des
trois langues peuvent être considérés comme une véritable
signature du maître.
Une
datation complète: fig. 1-2-4-7-9-10 et probablement 3 et 13),
probablement aussi fig. 3 et 12, mais pas la 11 qui est l’exception
confirmant la règle.
Sur
le disque et la pierre tombales et même sur le baptistère, une
base de quatre affirmée par un élément carré occupant la plus
grande partie de la surface, avec une mise en valeur fine et délicate
de la base de quatre par des éléments décoratifs divers, insérés
dans cet élément carré (fig. 1-4-6-7-8-9-13, la fig. 11 faisant
aussi exception à la règle).
Autour
et dans cet élément carré, nous trouvons des figures fusiformes,
étoilées, rondes, destinées aussi bien à occuper l’espace de
façon décorative qu’à souligner plus ou moins ouvertement les
axes principaux ou secondaires ou à accentuer le base de quatre.
Autour
du disque, aux régions 9-12-3, des excroissances finement
travaillées (fig. 1-4-6-9-13, la figure 11 faisant encore exception
à la règle).
2.
— Dans la face B
Un
rayonnement se déployant à travers une étoile régulière à
cinq branches avec divers motifs losangés et motif décoratif
marquant le rayonnement en O, et, sur le socle, une croix marquant
l’axe V. Cette manière somme toute banale, de traiter la face B
concerne les figures 1 et 11, avec forte probabilité d’un
traitement identique pour les figures 2 et 3, dont les socles
comprennent un pied de croix en escaliers, et pour la stèle 4/5. A
propos de cette stèle, Louis Colas a mêlé sur la pierre de Pedro
de Laco la face B de la stèle, aujourd’hui perdue, et non la face
A que la simple observation sur le terrain nous permet de
retranscrire de façon certaine. Ainsi la face B est quelque peu
délaissée par l’artiste qui n’essaie pas de faire évoluer le
motif ou la mise en page des différents éléments. Sur cinq faces B
connues ou probables, toutes sont identiques ou probablement
identiques.
Enfin
dans les faces A et B, on peut noter que jamais le point 6 ne
bénéficie d’un traitement de faveur, ce qui est étonnant dans
une zone du pays d’Amikuze où un tel choix n’est pas rare.
C.
— Le lot des monuments étudiés est particulièrement attrayant
pour l’étude des maîtres car ce lot est presque totalement daté.
On trouve en effet: 1643, 1 pierre baptistère; 1644, 1 discoïdale,
celle des instruments; 1676, 1 plate tombe; 1647, 4 discoïdales;
1648, 1 pied de croix; 1649, 2 discoïdales. Soit au total, 10
monuments datés.
Nous
avons donc une concentration dans le temps assez rare de monuments
dus à une même main. Entre 1643 et 1649, douze monuments (1), le
tout dans une zone géographique parfaitement délimitées, en plein
cœur de la Basse-Navarre.
Comme
Michel Duvert l’a observé (1980 et 1982), on constate encore une
fois, avec toutes les réserves qui s’imposent car beaucoup de
monuments ont disparu, qu’il semble que les maîtres travaillaient
sur une époque finalement assez réduite, tout au plus une dizaine
d’années. Ici, d’après les témoignages qui sont parvenus
jusqu’à nous, notre maître aurait travaillé six années, de 1643
à 1649. Qu’a-t-il fait le reste du temps? Tout se passe comme si
ces maîtres passaient une sorte d’examen, pendant quelques années
seulement, prouvant qu’ils pouvaient «faire des stèles».
D.
— Les cas particuliers des figures 8 et 11
La
figure 8 appelle deux commentaires: c’est un cas unique à notre
connaissance de baptistère orné d’une inscription du type
«linteau». D’autre part, c’est chronologiquement la première
œuvre (1643) de ce maître. D’après Louis Colas, le texte doit
être lu de la manière suivante: 1643. DOCETE: ONS (OMNES). [GENTES]
BAP(TIZANTE)S. M (sic) EOS. I (N) NOMINE PATRIS & (ET) FILII &
(ET) SP (SPIRITUS) SII (sic). (SANCTI) SEPTEMBER. 17.» Ce qui peut
être compris de la manière suivante: «Enseignez-les tous, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. 17 septembre
1643».
Nous
ne nous arrêterons pas sur les quelques erreurs de retranscription
de Louis Colas, ni même sur l’analyse du texte qui n’est pas
notre propos. Sous la réserve qu’il ne s’agit pas d’un
monument funéraire et qu’il est peut-être imprudent de comparer
les ouvres dont l’objet et la logique interne sont différents
—leur monde respectif sont «autres»— on peut retenir les
caractéristiques suivantes.
Une certaine réserve dans la décoration, relativement modeste, de l’œuvre: l’artiste atteindra un aimable «bavardage» dans le traitement des disques, en 1647-1649 (fig. 1-4-9…). Phénomène souvent constaté dans la matière: vigueur dans les première œuvres, facilité et quelquefois une certaine décadence plus tardivement. La fig. 11 est en ce sens plus proche qu’il n’y paraît de la fig. 8 (1643) et que les fig. 1-4-6 et 9 (1647-1649).
La pierre 11 nous paraît plus intéressante dans la mesure où nous avons eu quelque hésitation à l’attribuer à ce maître: nous avons vu plus haut qu’elle fait souvent exception aux règles que celui-ci avait adoptées. De plus nous remarquons ici une inscription circulaire dans la couronne, un motif du disque sur la face A différent des autres stèles, la disparition de l’élément carré qui soulignait la base de quatre, une inscription monolingue, une date incomplète, une ponctuation différente des autres stèles, l’apparition d’instruments artisanaux sur le socle, des dimensions générales de la pierre plus imposantes.
Une certaine réserve dans la décoration, relativement modeste, de l’œuvre: l’artiste atteindra un aimable «bavardage» dans le traitement des disques, en 1647-1649 (fig. 1-4-9…). Phénomène souvent constaté dans la matière: vigueur dans les première œuvres, facilité et quelquefois une certaine décadence plus tardivement. La fig. 11 est en ce sens plus proche qu’il n’y paraît de la fig. 8 (1643) et que les fig. 1-4-6 et 9 (1647-1649).
La pierre 11 nous paraît plus intéressante dans la mesure où nous avons eu quelque hésitation à l’attribuer à ce maître: nous avons vu plus haut qu’elle fait souvent exception aux règles que celui-ci avait adoptées. De plus nous remarquons ici une inscription circulaire dans la couronne, un motif du disque sur la face A différent des autres stèles, la disparition de l’élément carré qui soulignait la base de quatre, une inscription monolingue, une date incomplète, une ponctuation différente des autres stèles, l’apparition d’instruments artisanaux sur le socle, des dimensions générales de la pierre plus imposantes.
Qui
était donc ce maître? Nous n’avions pas immédiatement rattaché
le croix (fig. 10) à l’ensemble des autres œuvres, jusqu’à ce
que la «mise en page», la ponctuation scrupuleuse,
le caractère
trilingue, la datation complète
et soignée de cette œuvre nous rappelle notre maître anonyme.
c’est alors que la fin de l’inscription nous a appris son nom,
cette croix étant signée: Tristan Bar. Peut-être le nom se
poursuivait-il de l’autre côté du monument? Nous ne le saurons
peut-être jamais, cette croix ayant disparu.
Les
onze œuvres de Tristant Bar nous auront permis d’appréhender
mieux l’évolution dans le temps d’un maître ne possédant pas
un très grand souffle artistique ni une imagination débordante,
mais ayant une maîtrise technique rarement égalée par ses pairs.
D’autres recherches, comme l’étude des mensurations, que nous
n’avons pu mener, ou la recherche de ses actes de naissance et de
décès, nous en apprendraient-ils un
petit peu
plus? Il faudrait également étudier dans les villages proches de la
vallée, l’influence qu’a pu avoir Tristant Bar sur les autres
maîtres dans la deuxième moitié du XVIIe
siècle. Peut-être d’autres chercheurs pourront-ils un jour mener
à bien ce type de travail?
(1)
Nous écrivons «douze monuments» pour des raisons pratiques. En
effet, un
pied de stèle et un disque peuvent, quoique séparés aujourd’hui,
avoir été un seul et même monument originaire.
Figure n° 3 |
Figure n° 4 |
Figure n° 5 |
Figure n° 6 |
Figure n° 7 |
Figure n° 8 |
Figure n° 9 |
Figure n°10 |
Figure n° 11 |
Figure n° 12 |
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